Les
pucerons ont beaucoup d'ennemis naturels qui les utilisent comme abri
et nourriture pour leurs larves ou qui les mangent
simplement. Plus encore, ils constituent un chaînon essentiel
au développement d'autres insectes.
Les
oiseaux mangent les pucerons mais ces derniers sont aussi au menu de
plusieurs arthropodes
comme
les insectes, les araignées et les acariens. Parmi les insectes, on a
observé des prédateurs chez les coccinelles (Coccinellidae), les
chrysopes (Chrysopidae), les hémérobes (Hemerobiidae), les conioptéryx
(Coniopterygidae), les syrphes (Syrphidae), les cécidomyies du genre
Aphidoletes
(Cecidomyidae), les punaises (Anthocoridae, Geocoridae,
Miridae, Nabidae, Reduviidae) et les
chamémyies (Chamaemyiidae) (Foottit, 1993). À cette liste, s'ajoutent
les thrips
(Thysanoptères), les acariens parasites et même les plantes carnivores. Les parasitoïdes et hyperparasitoïdes qui se développent aux dépens des pucerons sont documentés sur leurs pages respectives. |
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Thysanoptères | Photo à gauche Les thrips sont des insectes piqueurs-suceurs qui sont généralement phytophages. Toutefois, certaines espèces sont des prédateurs entomophages et acariphages. L'un d'eux, joliment rayé rouge et orange a piqué un puceron et le vide de sa substance. Photo à droite Les plantes sont aussi occasionnellement prédatrices de pucerons. Un puceron ailé est englué dans le piège que lui a tendu la plante carnivore Droséra à feuilles rondes (Drosera rotundifolia). |
Plantes carnivores |
Araignées et acariens | ||
Acariens
Le parasitisme des larves des Trombidiidae a un effet sur la survie
et la capacité de reproduction des pucerons. La taille de l'hôte et le
nombre de parasites sont déterminants (Zhang, 1998). L'auteur cite
diverses sources ayant observé ceci:-Aphis fabae peut être tué après trois jours lorsqu'il est parasité par deux acariens Allothrombium pulvinum, -la moitié des adultes Acyrthosiphon pisum, plus massifs, survivent après quatre jours, lorsque parasités par cinq A. pulvinum, -l'adulte A. pulvinum consomme sept pucerons de stade I par jour. Les acariens présentés ici sont indéterminés. |
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Deux acariens chevauchent Anoecia ailé. L'un dans son cou et l'autre sur son abdomen. |
Plus d'une vingtaine d'acariens sur ce puceron ailé, laissant son oeil à découvert. | |
Hyalopterus pruni et deux acariens sur du roseau. | Un acarien de la superfamille des Trombidioidea se nourrit d'un Phylloxera sur une feuille de chêne. | L'acarien parasite (rouge) est parfois aussi gros que son jeune hôte puceron (Aphis intybi). |
Araignées
Les araignées sont d'efficaces prédateurs de pucerons (enfin, pas
toujours. Voir plus bas Anoecia contre Salticidae). Elles les
chassent
à l'affût (Thomisidae ou araignées-crabes), activement (Salticidae) ou
les capturent dans leurs toiles. |
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Une capture par chasse active, sans toile. | L'araignée a l'embarras du choix dans cette colonie dense de pucerons insouciants. | L'araignée tenait le puceron tout contre elle. Le puceron fait quelques pas vers l'avant mais l'araignée garde ses pattes sur lui et le retient. |
Trois pucerons pris dans des toiles. Ce sont généralement les ailés, en déplacement, qui se font capturer. À droite, Uroleucon ailé. | ||
Anoecia contre
Salticidae
Ci-dessous, une
remarquable chasse, infructueuse, d'une araignée de la famille des
Salticidae.
Fin septembre, les pucerons ailés du genre Anoecia sont par
dizaines
sur la végétation basse en bordure d'un sentier forestier. Sur une
feuille, une araignée tente d'en capturer mais les pucerons ne fuient
pas, au contraire, ils défient et affrontent le prédateur. Les pucerons
restent sur place, même lorsque l'araignée s'approche et attaque. À
chaque fois, c'est l'araignée qui bat en retraite, les
pucerons continuant ensuite à cheminer sur la feuille. Après
10 minutes de chasse,
l'araignée s'est déplacée sur une feuille voisine. |
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L'araignée a sauté sur ce puceron puis s'est vivement retirée. Le puceron est resté là, intact. | Un autre puceron ouvre les ailes, se préparant à s'envoler ou, qui sait, pour intimider le prédateur? Plus tard, l'araignée l'attaque mais bat encore en retraite sans apparemment le blesser. | |
Qu'est-ce qui protège Anoecia? Non loin du lieu de l'attaque infructueuse du petit Salticidae, une grosse araignée-crabe (photo à gauche) s'approche du puceron, le touche avec sa patte mais l'ignore ensuite. À droite, deux Salticidae qui ont réussi à capturer des pucerons d'autres genres, en d'autres lieux. | ||
Coléoptères | ||
Quelques espèces
de prédateurs généralistes appartenant par exemple aux Carabidae ou aux
Staphylinidae se nourrissent de pucerons (Brodeur et al. dans van
Emden & Harrington, 2017). Mais, pour certaines coccinelles,
les pucerons constituent leur nourriture de
base. On les utilise en lutte biologique contre les pucerons. Chez les Coccinellidae, plusieurs genres, appartenant à quelques sous-familles sont prédateurs de pucerons. Au Québec on trouvera, entre autres, les genres Chilocorus (Chilocorinae), Adalia, Anatis, Calvia, Coccinella, Coleomegilla, Harmonia, Hippodamia, Mulsantina et Myzia (Coccinellinae), Brachiacantha et Scymnus (Scymninae) (Giorgi et al., 2009 et liste du MAPAQ, 2010). |
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Les nymphes Coccinellidae, tout comme les adultes s'alimentent de pucerons. À droite une ponte en rangs serrés sur du Panais sauvage (Pastinaca sativa). La plante était l'hôte de centaines de pucerons qui serviront de nourriture aux larves de coccinelles. | ||
La Coccinelle asiatique,
une peste?
Koch (2003) cite divers chercheurs qui constatent la compétition entre
les coccinelles indigènes et Harmonia
axyridis, cette dernière
entraînant le déplacement ou la diminution des populations locales.
Harris (1990) aurait écrit que la plupart des agents de contrôle
biologique qui deviennent extrêmement abondants sont des nuisances.
Koch pense que H.
axyridis
est un excellent exemple de cette nuisance lorsque les habitations sont
envahies durant la saison froide. Et
quel est l'impact sur les populations d'Hémiptères non nuisibles qui
font face à
ce prédateur vorace et envahissant?
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Au centre, sur de
l'aulne, une coccinelle auprès d'une colonie de
pucerons Prociphilus
tessellatus, source d'une abondante et docile nourriture.
À droite, dans une colonie d'Aphis
farinosa sur du saule. |
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Scymninae
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Deux larves appartenant aux Scymninae. Une cire blanche les couvre. À gauche, dans une colonie de Macrosiphoniella millefolii et à droite, en train de dévorer un puceron Chaitophorus La fourmi n'attaque pas le prédateur. | Le prédateur s'enfonce la tête profondément dans l'ouverture qu'il a dégagée pour dévorer les pucerons Daktulosphaira vitifoliae cachés à l'intérieur de la galle qu'ils ont produite sur la feuille de la Vigne de rivage (Vitis riparia). | |
Neuroptères | ||
Les 3 photos du
bas: Une larve de chrysope s'approche lentement d'un puceron du genre Uroleucon. Le puceron ne réagit pas à l'approche du prédateur. Lorsque celui-ci l'empoigne solidement avec ses « pinces », le puceron se débat brièvement et plusieurs gouttes de liquide défensif s'échappent de ses cornicules. Mais le liquide manque sa cible et le puceron est immobilisé. Les gouttes rouges restent suspendues au bout de chaque cornicule. |
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Hétéroptères | ||
Les punaises
appartenant à plusieurs familles se nourrissent de pucerons. Ceux-ci,
faciles d'approche, vulnérables et abondants sont des cibles idéales
pour certaines punaises qui ne sont pas morphologiquement équipées pour
affronter des proies pouvant se défendre efficacement. |
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Miridae: Phylinae | ||
Les punaises du
genre Plagiognathus
sont très fréquemment observées en train de se nourrir de diverses
espèces de pucerons sur des hôtes variés. Au centre, ci-dessus, un ailé Hyalopterus pruni. À droite une nymphe Plagiognathus dans une colonie de pucerons Illinoia rubicola sur leur hôte Rubus. |
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Miridae: Bryocorinae | ||
Les minuscules et délicates punaises de la sous-famille des Bryocorinae (Miridae) sont prédatrices des arthropodes qui partagent leur habitat. Elles ne possèdent pas de pattes armées d'épines pour retenir leurs proies. Les pucerons sont faciles à capturer et peu combatifs. Ci-dessus, de gauche à droite, Dicyphus famelicus nymphe de stade V, Dicyphus discrepans et Tupiocoris sur du framboisier pique un minuscule puceron blanc (→). | ||
Miridae: Mirinae
Photo à gauche. La punaise plante son rostre dans les galles
du
puceron Daktulosphaira
vitifoliae.Miridae: Deraeocorinae
Photo à droite. Une nymphe Deraeocoris.Knight (1921) a observé Deraeocoris aphidiphagus dans la pseudogalle d'une colonie de pucerons Eriosoma americanum établie sur de l'orme. |
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Geocoridae | ||
Les membres de la famille sont des prédateurs de petits
arthropodes. Abondants, ils s'observent aisément sur les
sols couverts de gravier et parsemés de mauvaises herbes. Très
actifs, ils cheminent rapidement, probablement à la recherche de proies. Geocoris bullatus, nymphe à gauche et adulte à droite. L'espèce semble apprécier les gros pucerons du genre Macrosiphoniella qui colonisent l'Armoise vulgaire. L'adulte tient le puceron au bout de son rostre courbé vers le haut. |
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Anthocoridae | ||
À gauche La punaise Orius tristicolor se nourrit d'un puceron indéterminé mais placé non loin de ceux-ci. À droite Une punaise nymphe Orius consomme le puceron Rhopalosiphum enigmae à la base de la tige d'un typha. Le puceron appartient à la colonie 110824-76. |
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Nabidae | ||
Tous les Nabidae sont des prédateurs qui chassent
activement ou à l'affût de petits arthropodes comme les pucerons. À gauche Une punaise Nabis avec un gros puceron (Acyrthosiphon probable) sur de la Vesce jargeau. À droite Nabis avec un petit puceron gris lanigère. |
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Reduviidae
Les réduves sont des prédateurs qui s'alimentent d'arthropodes
(insectes, araignées). La punaise nymphe Zelus luridus consomme le puceron en le maintenant simplement au bout de son rostre. |
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Hyménoptères | ||
Les guêpes et les
fourmis de cet ordre d'insectes sont
en étroite relation avec les pucerons. Les premières les parasitent
(voir la
page à ce sujet) ou les emportent vers leur nid pour que
leurs
larves s'en nourrissent. Les secondes, les fourmis, en font leur
cheptel qu'elles protègent plus ou moins efficacement. Elles
stimulent les pucerons avec leurs antennes et consomment le miellat
qu'ils produisent. À l'occasion, toutefois, elles semblent les sacrifier. Ci-dessous, des fourmis transportent des pucerons vers leur nid. |
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Il n'y avait pas de colonies de pucerons sur les végétaux environnants. | Progression laborieuse de la fourmi au sol. Le pucerons pourrait être Eulachnus ailé. | Lasius et Hoplochaitophorus quercicola. Voir ici. |
Une
guêpe du genre Passaloecus,
Crabonidae (probable à cause des mandibules blanches) rôde autour d'une
colonie de pucerons du genre Uroleucon
établie sur du laiteron (Sonchus).
Elle saisit un puceron et s'envole avec lui. Cette
espèce de guêpe récolte les pucerons vivants, les paralyse et les
stocke où elle pondra un oeuf. Sa larve se nourrira des
pucerons
qui l'entourent. |
Les fourmis
photographiées
ci-dessus n'étaient peut-être pas les prédatrices des pucerons mais
elles allaient s'en nourrir. Huit fourmis ont été observées
sur le tronc d'un chêne, en train de transporter vers le sol
des pucerons morts, agonisants et souvent mutilés. Il n'a pas été
possible de vérifier si les fourmis ne faisaient que récupérer des
pucerons blessés par des prédateurs ou si elles étaient responsables
des dommages infligés aux pucerons. À cette date tardive, la toute fin
de septembre, les fourmis ne pouvaient plus espérer une très grande
productivité de leur cheptel et elles ont peut-être décidé de les
sacrifier et de les apporter à la fourmilière pour ne pas perdre cette
nourriture de toute manière condamnée. Cliquez ici pour en voir plus. |
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