Immatures |
Les immatures de
premier stade s'observent
autour des femelles qui leur ont donné naissance.
Ils sont généralement très
actifs et marchent en tout sens sur la pousse de pin. Ils cherchent un
lieu favorable pour se fixer, souvent sur la même pousse, en aval du
groupe de femelles mères. Au premier stade, on ne peut pas
discerner les mâles des femelles. |
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Toumeyella parvicornis
mobiles, un 14 août. À gauche, le dos de la femelle dont ils
sont issus. |
Les
deux photos ci-dessus ont été prises à la fin juin. Les mobiles ont
commencé à s'établir et on peut les observer, étroitement groupés, sur
les jeunes pousses de Pin gris. Les yeux sont visibles (→
noires)
chez certains d'entre eux ainsi que les soies de la région anale (→
blanches). |
Dispersion des immatures
À
pied, les jeunes cochenilles ne peuvent aller bien loin. En effet,
elles s'établissent souvent près des femelles qui leur ont donné
naissance. Mais comment peuvent-elles alors coloniser
d'autres
arbres? Rabkin & Lejeune (1954) ont étudié le mode de
dispersion
des immatures mobiles. Ils ont installé plusieurs trappes (Tanglefoot traps)
à diverses distances de sites plus ou moins intensément colonisés par
les cochenilles. Quelques milliers de cochenilles transportées par voie
aérienne ont été capturées par ces trappes. L'une d'elles était située
au sommet d'une tour de surveillance des feux de forêts à une trentaine
de mètres du sol. 119 immatures ont été capturés en 163 jours. Une
trappe, à la base de la tour, en a recueilli 2 038 en 130 jours. Les
chercheurs ont tenté de vérifier si les cochenilles étaient emportées
involontairement par le vent. Ils ont vigoureusement secoué plusieurs
branches intensément colonisées. Les insectes étaient difficiles à
déloger. Toutefois, les auteurs ont remarqué la présence au sol de
jeunes cochenilles non loin d'arbres colonisés. Les oiseaux, les
écureuils ou les insectes pourraient, à un moindre degré propager les
cochenilles mobiles d'arbre en arbre et sur de bonnes distances. |
Évolution d'une
colonie |
Les photos de
cette section ont été prises sur des pousses voisines d'un même Pin
gris,
de la fin de juin au début de novembre.
La colonie est découverte le 26 juin. Les femelles qui ont
hiberné sont étroitement groupées à la base des pousses, parmi
des
exuvies,
des boucliers abandonnés de mâles de l'année précédente et divers
débris collés à la
fumagine. Elles ont déjà donné naissance à des cochenilles. Plusieurs
sont inanimées, sur le dos des femelles. Le taux de mortalité
est élevé au premier stade.
Il y a peu de mâles sur ces photos. Sur
d'autres pousses, (voir plus loin) les proportions mâles/femelles sont
inversées. |
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26 juin
Femelles
adultes de l'année précédente et plusieurs immatures morts. |
4 juillet
Immatures
récemment établis sur la partie apicale de la pousse. Les
femelles
de l'année
précédente sont situées vers la base de la même pousse. |
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12
juillet
Une cire blanchâtre entoure les cochenilles. De la fumagine commence à
noircir la pousse et les aiguilles.
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20 août
Les femelles sont maintenant convexes et on devine sous le nuage de
cire
la couleur rouge brique et noire de leurs carapaces. |
4 novembre
Les carapaces des femelles immatures, prêtes à hiberner à ce stade, ont
déjà l'apparence de celles des adultes. |
Mâles ou femelles? |
À maturité, les
mâles se distinguent
facilement des femelles. Au premier stade, ils sont indiscernables. À
partir du second stade toutefois, la femelle est nettement plus ovale
que le mâle qui se développe en longueur. Normalement, une colonie est
composée d'un nombre égal de mâles et de femelles (Rabkin &
Lejeune, 1954).
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Une
femelle à gauche et un mâle de stade II qui produit des
plaques de cire. |
Mâle allongé, en haut avec deux
femelles ovales, en bas. |
Une femelle (→) ovale et convexe en compagnie de
plusieurs mâles
dans leurs
boucliers blancs. |
Boucliers des
mâles |
Les
mâles
fabriquent un bouclier protecteur, contrairement aux femelles dont le
dos s'épaissit jusqu'au stade adulte, pour former une carapace
globulaire. C'est après le premier stade mobile et une fois fixé sur
l'hôte que le mâle mue au stade II et fabrique un bouclier protecteur
fait de sécrétions de cire.
Le
bouclier est achevé au stade II. Le mâle mue au stade
de prépupe
(III). Ses pièces buccales ne sont alors plus fonctionnelles et il
ne s'alimentera plus jusqu'à sa mort. Les antennes, les pattes, les
fourreaux alaires et l'armure génitale sont présents et seront
encore plus développés après
la mue suivante au stade de pupe (IV) . Le mâle mue une dernière fois pour
devenir adulte. Il expulse laborieusement son exuvie à
l'extérieur du bouclier où il reste quelque temps pour terminer sa
croissance (voir les images de
la section suivante).
Chez les
Coccidae, le nombre et la position des sutures du bouclier mâle
contribuent parfois à
l'identification du genre ou de l'espèce de cochenille. Toutefois, l'hôte où s'est
établie la colonie et
l'allure des femelles doivent contribuer à la tentative
d'identification basée sur des caractères superficiels car plusieurs
genres ou espèces produisent des boucliers mâles similaires. |
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Bouclier mâle qui correspond à
celui illustré par Miller
& Williams (1990). Toutefois, plusieurs mâles avaient en plus,
deux
très fines sutures longitudinales rappelant celles de T. virginiana (voir
→ c, sur la photo ci-dessous). |
Mâles
au second stade. Immobiles, ils sécrètent des plaques de cire
qui formeront le bouclier qui s'apparente en fait à une enveloppe
constituée de deux faces, dorsale et ventrale. |
Stade de pupe ou prépupe. Les boucliers sont plutôt
opaques et
couverts de cire granuleuse. Les mâles sont partiellement superposés
les uns aux autres, la tête
enfouie vers la tige et le postérieur dégagé, permettant plus tard la
sortie de l'adulte
à reculons. |
18 juillet |
30 juillet |
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plaque
(a →) et
suture (b →) postérieures; deux fines sutures longitudinales
(c →);
plaque anale (d →).
Les deux photos ci-dessus représentent le même groupe de mâles, les 18
et 30 juillet. Le 18, les mâles 1 et 2 commencent à produire des
plaques de cire pour former leurs boucliers qui est amplement terminé
12 jours plus tard. Sur la photo du 30 juillet, observez en cliquant
sur la photo le bout des ailes de quatre mâles adultes (→ rouge) en
attente d'une sortie prochaine.
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Au début du mois d'août, avant qu'elles ne soient
emportées par le
vent, on peut observer des dizaines de minuscules exuvies dorées
expulsées des boucliers des mâles. Ci-dessus, trois exuvies. |
Mue imaginale
d'un mâle Toumeyella
parvicornis |
La série de six
photos suivantes a duré 40
minutes. Un mâle de stade IV mue au stade adulte tout en restant à
l'intérieur de son bouclier. On voit la partie postérieure de son
abdomen et son travail laborieux pour se débarrasser de son exuvie. Il
ne sortira pas du bouclier une fois la mue achevée. Un autre mâle
appartenant à la colonie observée ici, a mué au stade
adulte vers midi et était toujours dans son bouclier le lendemain à
17h. Les mâles ténéraux
restent quelque temps dans le bouclier avant d'en sortir à
reculons pour ensuite vivement chercher une femelle avec qui
s'accoupler. |
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Vue latérale gauche
La plaque postérieure (A →) se replie vers le haut, à
l'endroit où se
trouve la
suture postérieure. L'arrière du mâle ressort du bouclier. |
Vue dorsale
L'abdomen (rouge) au bout duquel l'exuvie a été repoussée. Les ailes
(B →) ont encore la forme du fourreau qui les contenait. |
Vue dorsale
Les pattes (C →) se dégagent et poussent au loin l'exuvie.
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Vue
latérale droite
Le
mâle pousse l'exuvie avec ses pattes (C →). Celle-ci est
retenue par
l'armure génitale (D →) qui prolonge longuement l'abdomen. Les
ailes (B →) se déploient lentement. |
Vue dorsale
Les ailes écartées se rabattront l'une sur l'autre plus
tard, en attendant la sortie. L'exuvie sera éventuellement poussée au
loin.
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Mâle adulte |
Le mâle adulte
est rarement observé et
pour cause. Minuscule, il mesure 1,5 mm et vit
rarement plus
de deux
jours. Dès le stade de prépupe,
il ne s'alimente plus, ses pièces buccales n'étant plus fonctionnelles.
Adulte, il est dépourvu d'un système alimentaire, les gonades
occupant la totalité de la cavité abdominale (Rabkin & Lejeune,
1954).
Contrairement à la femelle adulte, le mâle a toutes les
caractéristiques
générales d'un insecte avec une tête, un thorax et un abdomen bien
définis ainsi que des ailes et des
pattes fonctionnelles. Il n'a pas, à l'extrémité de
l'abdomen, les deux très longs fils de cire qu'on observe chez
plusieurs mâles Coccidae; ses antennes ont huit ou neuf
articles (Miller & Williams, 1995). |
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La tête est conique; les
deux ailes sont tenues à plat et légèrement écartées. |
La tête comprend une paire
d'yeux dorsaux (A →) et
une autre paire ventrale (B →). De profil, la longue armure
génitale
est bien visible ici (C →). |
La vue de face de la tête permet de voir à la fois la
paire d'yeux
ventrale (→) et la dorsale, sur le dessus de la tête. |
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Dès sa sortie du bouclier, le
mâle parcourt en tout sens la colonie à la recherche de femelles. |
Durant 5 minutes, ce mâle a été
observé sur une
femelle. Mais il devra glisser son armure génitale (→) sous la
cochenille pour parvenir à s'accoupler. |
En plus des deux paires d'yeux simples, le mâle a une
paire
d'ocelles. Il n'a pas d'ailes atrophiées (haltères) (Miller &
Williams, 1995).
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Femelle adulte |
La femelle
devient adulte après trois stades nymphaux (Clarke, 2013). Au Québec,
le dernier stade nymphal hiberne. Déjà fécondée à la fin de l'été, la
femelle termine son développement au stade adulte au printemps suivant.
Elle mesure alors entre 3 et 4 mm. Sa carapace ovale et fortement
convexe est brun-rouge et marquée de noir. Chaque femelle peut produire
un peu plus de 500 oeufs (Rabkin & Lejeune, 1954). Les
chercheurs ont observé que l'oviposition consiste à la libération des
oeufs par l'orifice génital, situé sous la femelle. Les oeufs sont
individuels ou en chaînes de trois ou quatre oeufs qui éclosent en
quelques heures.
Expulsion du miellat
La
femelle produit une quantité abondante de miellat qu'elle tente
d'éjecter au loin pour ne pas s'y engluer. Son tube anal est éversible.
Au moment d'éliminer du miellat, elle écarte latéralement ses plaques
anales, permettant au tube de s'inverser à l'extérieur de la carapace.
On peut alors observer l'anus et à son extrémité les soies couvertes de
cire (voir la photo ci-dessous, à droite). La goutte de miellat est
poussée à l'extrémité du tube, maintenue entre les soies étalées puis
expulsée au loin lorsque la cochenille
rentre brusquement son tube anal dans sa carapace (Williams &
Williams, 1980). |
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Sur
leur mère, deux immatures mobiles qui ont l'apparence d'insectes. On ne
peut pas en dire autant de la femelle adulte. |
Mi-août,
la carapace de la jeune femelle n'est pas encore brun-rouge. De la cire
grumeleuse couvre son dos qui devient de plus en plus convexe. |
La
cochenille vient d'éjecter une bulle de miellat. Les soies à
l'extrémité du tube anal éversé sont visibles (→). La grosse patte
posée sur elle est celle d'un cercope, Clastoptera
obtusa. |
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Les
cochenilles ci-dessus sont semblables. Pourtant, celle de gauche, née
l'année précédente, a été observées un 15 juin après avoir hiberné. À
droite, un 4 novembre les femelles encore immatures s'apprêtent à
passer l'hiver sur le rameau où elles se sont fixées. |
Un groupe de femelles de l'année précédente, à la
mi-juin. |