Beaucoup
d'excellentes clés des Hémiptères utilisent comme premiers critères le
nombre d'articles du tarse ou
la position du rostre sous la tête. Le photographe ou l'observateur qui
ne capture pas les insectes n'a
pas toujours ces données. L'information
présentée ici se veut donc complémentaire
aux clés qui sont basées sur
de petits
caractères morphologiques déterminants mais par ailleurs difficiles à
observer. La démarche ne prétend pas avoir la rigueur d'une
clé mais elle permettra de mettre l'observateur
sur une piste car la
première étape pour trouver, c'est de savoir où chercher. Beaucoup d'Hémiptères peuvent être déterminés à haut niveau en notant simplement quelques caractéristiques bien visibles. Accessibles sur ce site, les galeries de photos permettent aussi de se faire une idée de l'allure générale d'une famille ou d'un sous-ordre. Il faut toutefois noter que beaucoup d'insectes ne peuvent pas être déterminés seulement à l'aide d'une photo. Si vous avez un insecte en main, une clé comme celle de Borror et DeLong sera plus efficace et vous permettra de le déterminer jusqu'à la famille. Ci-dessous, vous trouverez trois sections. La première présente les insectes qui possèdent des caractères bien distinctifs. Par exemple, si l'insecte a des cornicules, pas de doute, c'est un puceron. Passez en revue cette section pour commencer. La seconde section compare quatre groupes d'Hémiptères plutôt semblables et plus difficiles à déterminer et enfin, la troisième section décrit quelques pièges et exceptions. |
SECTION 1 - LES FACILES À DÉTERMINER | |||
Robuste, très
grosse (25 à 50 mm) > > > >
> cigales Petite mouche blanche > > > > > aleurodes Présence d'un casque qui couvre le dos > > > > > membracides Présence de cornicules > > > > > certains pucerons Boucliers qui adhèrent aux végétaux > > > > > certaines cochenilles Antennes longues et épaisses, ailes tenues à l'horizontale avec membrane ovale à l'extrémité, prédateur > > > > > certaines punaises |
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Cigales
Par rapport aux autres Hémiptères, elle est énorme (25
à 50 mm). Son allure est bien
caractéristique: robuste, antennes courtes, ailes
membraneuses, tête vue de dos est carrée. On l'observe sur les arbres
mais on
les entend surtout chanter. Il y a seulement trois espèces au Québec. |
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Tibicen canicularis - Cigale caniculaire |
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Sous les feuilles des plantes, un minuscule (2 ou 3 mm) insecte aux ailes blanches, couvert d'une cire poudreuse. Il colonise aussi les plantes d'intérieur et s'observe en serre. Malgré le nom commun qu'on lui donne, l'aleurode n'est pas une mouche (Diptère) mais bien un Hémiptère qui suce la sève des plantes grâce à son rostre. | |||
Les colonies rassemblent parfois plusieurs dizaines d'aleurodes et aussi, sur cette photo, deux guêpes parasites. | Ci-dessus, on voit bien le rostre qui forme une espèce de trompe sous la tête. | Le minuscule aleurode est en train de pondre, sous la feuille. Cliquez sur la photo pour voir les oeufs. | Sur une plante d'intérieur, en hiver. |
La présence d'un « casque » qui s'étend au-dessus de l'abdomen est unique et permet de déterminer un membracide. Les formes et les couleurs du casque varient d'une espèce à l'autre. À droite le spectaculaire Smilia camelus. | |||
Publilia concava. Chez cette espèce, le casque (en blanc) couvre totalement les ailes, jusqu'à l'arrière. |
Enchenopa binotata. Le casque ici se prolonge vers l'avant comme une corne mais dégage complètement les ailes. |
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La présence de cornicules à l'extrémité de l'abdomen d'un insecte permet de déterminer à coup sûr que c'est un puceron. Mais attention, l'inverse n'est pas nécessairement vrai car ce ne sont pas tous les pucerons qui sont dotés de cornicules (voir ici). Les pucerons adultes peuvent avoir des ailes ou en être dépourvus. Elles sont généralement tenues en toit. | |||
Les cornicules d'Aphis nerii sont longues et bien visibles. | Parfois les cornicules sont de petits boutons surélevés. | Chez les pucerons ailés, les cornicules sont parfois cachées par les ailes. | Les pucerons sont souvent en denses colonies entourées de fourmis. |
La présence de boucliers soudés aux végétaux dénote la présence de cochenilles. Les colonies comportent souvent des dizaines de boucliers le long des tiges des arbres. La taille et la forme varient d'une espèce à l'autre. | |||
Minuscules (3 mm) boucliers en forme de coquillage de Lepidosaphes sp. qui couvre le tronc d'un peuplier. Des oeufs s'abritent dessous. | Sur les petites branches d'un magnolia, les boucliers des cochenilles se superposent. Les feuilles sont couvertes de miellat et de fumagine. | Sur un Cerisier tardif. | Sur une plante d'intérieur. Une femelle qui vient de pondre des dizaines d'oeufs enfouis dans la cire. |
Un insecte de bonne taille, aux antennes longues et robustes et dont les articles, au nombre de quatre ou cinq sont bien découpés. Les ailes sclérifiées à la base sont tenues à l'horizontale. Leurs extrémités sont membraneuses, transparentes ou légèrement opaques et se superposent pour former une région plus ou moins ovale. Chez les autres Hémiptères, les ailes forment une ligne continue jusqu'à l'arrière et sont presque toujours tenues en toit. | |||
Alydus eurinus | Réduve (Zelus luridus) | Les ailes de la cicadelle, ci-dessus à droite, ne forment pas à l'arrière du dos un ovale comme chez certaines punaises. À noter que les photos ne sont pas à l'échelle. | |
Les antennes de la punaise, à gauche sont longues et épaisses et les ailes tenues à l'horizontale. Les antennes de la cicadelle à droite se terminent par un court fouet et ses ailes forment un toit. | Chez les Hémiptères, seules les punaises s'alimentent d'autres arthropodes. À gauche une punaise à bouclier du genre Podisus (Pentatomidae) et à droite un Miridae (Macrolophus pygmaeus). |
SECTION 3 - LES PIÈGES ET EXCEPTIONS | |||
Si l'insecte que
vous tentez de déterminer
ne correspond à aucun de ceux présentés dans les deux sections
précédentes, c'est peut-être parce qu'il fait partie des Hémiptères
atypiques ou qu'il n'est tout simplement pas un Hémiptère. |
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Les Psoques
(Psocodea)
Ressemblent aux pucerons ou aux psylles mais ne sont pas des
Hémiptères. Le psoque n'est pas un insecte
piqueur-suceur; il n'a pas de rostre. Il possède des pièces buccales
lui
permettant de broyer
ses aliments. Des palpes maxillaires, absents chez les Hémiptères,
s'observent relativement facilement. |
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Ailes en toit, petite taille, longues antennes, ce psoque ressemble à un psylle ou à un puceron. | Ci-dessus un psoque. Cliquez sur la photo pour observer ses palpes maxillaires, absents chez les Hémiptères. | Les psoques observés sous les feuilles sont souvent sous le couvert d'un réseau de minces fils de soie visibles sur la photo ci-dessus. | Un adulte en compagnie d'immatures avec des fourreaux alaires. La présence de palpes permet de déterminer que ce n'est pas un Hémiptère. |
Punaises
aquatiques et autres
Beaucoup
de punaises ne correspondent pas à la description donnée à la section
2. Par exemple, les punaises aquatiques ont de courtes antennes souvent
invisibles et
peuvent être confondues avec certains Coléoptères aquatiques. Aussi,
certaines punaises n'ont pas, au bout des ailes, un ovale membraneux et
ressemblent à de petits Coléoptères. Voir le dessous de l'insecte pour
y observer ou non un rostre règle la question rapidement. En
effet, les Coléoptères n'ont pas de rostre mais des pièces
buccales pour découper
leur nourriture. |
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Cette punaise aquatique n'a pas d'antennes apparentes mais le bout de ses ailes forme le motif typique des punaises. | Les antennes et la présence de palpes chez ce Coléoptère aquatique du genre Acilius permettent de déterminer qu'il ne s'agit pas d'un Hémiptère. | Le scutellum de cette punaise de la famille des Thyreocoridae couvre tout l'abdomen, lui donnant l'allure d'un petit Coléoptère. Les antennes à cinq articles, le rostre et le scutellum sans ligne au centre le différencient d'un Coléoptère. | Ci-dessus un
Coléoptère. Remarquez la ligne formée par les deux ailes antérieures
qui
se joignent sur le dos.
Les antennes, contrairement à la punaise ont plus de cinq articles. |
Pour déterminer les trois punaises à gauche, on ne peut pas se baser sur la présence, au bout des ailes, d'un ovale membraneux. L'observation d'autres critères doivent être utilisés (rostre, antennes, dos, etc.) | |||
Scutellum qui couvre tout l'abdomen de cette punaise. Notez l'absence de ligne au centre du scutellum. | Orthocephalus saltator femelle aux ailes courtes | Tingidae | |
Pucerons
atypiques
Quelques
espèces de pucerons n'ont pas de cornicules. Certains vivent sur les
racines des plantes, s'enduisent de cire floconneuse et ressemblent
beaucoup à des cochenilles. D'autres tiennent leurs ailes complètement
à
l'horizontale. |
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Une colonie de pucerons sur les racines d'une pousse de frêne (voir ici). | Un puceron (Mindarus sp.) sans cornicules. | Sur du chêne, les Phylloxera sp. n'ont pas de cornicules et les ailés tiennent leurs ailes à plat. | Le Puceron lanigère
de l'aulne s'observe souvent en dense colonie sur son hôte, l'aulne. |
Cochenilles,
pucerons et Coléoptères
Dans
la longue clé de détermination du livre de Borror et DeLong ,
certains pucerons sans
cornicules se différencient de certaines cochenilles sans bouclier par
l'examen des pattes (tarses à deux articles et deux griffes chez les
pucerons et tarses à un article et une griffe chez les
cochenilles,
lorsque les pattes sont
présentes). Ce niveau de détail est observable seulement avec une bonne
loupe. |
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Ci-dessus à gauche une cochenille; à droite un puceron (Adelges sp.). Idéalement il faut analyser à la loupe les caractères déterminants pour les reconnaître mais leur habitat donne aussi de bons indices. Ce puceron provient d'une galle de pousse d'épinette typique des Adelges. La cochenille était sur les racines d'une plante. | Ci-dessus à gauche, une cochenille appartenant à la famille des Ortheziidae. Le rostre est apparent. L'agencement des masses de cire rappelle un autre insecte, la larve d'un Coléoptère de la sous-famille des Scymninae, à droite. Celui-ci est un prédateur des pucerons et on le voit ici en action. | ||
La photo à gauche montre à quel point le coléoptère prédateur, au stade immature, se confond avec ses proies, les Cochenilles du magnolia (Neolecanium cornuparvum). Plusieurs coléoptères appartenant probablement à la famille des Scymninae, ont été observés en train de faire des ravages dans la colonie de cochenilles. |
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