Punaises - Cydnidae

Description  Sehirus cinctus est la plus connue. L'agrégation spectaculaire des nymphes à la fin de l'été ne passe pas inaperçu. Toute noire mais bordée d'une ligne blanche (voir à droite) elle est différente des Amnestus brun-rouge. Microporus est entièrement brun-noir. Ces deux dernières, minuscules et cachées au sol ou sous terre sont rarement observées. Sehirus cinctus
Sehirus cinctus albonotatus
Nombres  Trois genres et six espèces représentent la famille au Québec (Roch, 2024) qui comprend 120 genres et 765 espèces mondialement (Henry, 2009).
Alimentation  Froeschner (1960) divise les Cydnidae en deux groupes. Le genre Sehirus qui se nourrit, autant au stade nymphal qu'adulte, des parties aériennes des plantes et tous les autres genres qui consomment leur nourriture sous terre, notamment des racines des plantes.
Intérêt  Les recherches et les articles publiés à propos du comportement maternel de Sehirus cinctus sont abondants. En revanche la littérature à propos d'Amnestus et de Microporus (publications pour l'Amérique du Nord) est quasi inexistante.
Taxinomie  Il y aurait trois sous-espèces de Sehirus cinctus. Celle observée au Québec serait Sehirus cinctus albonotatus Dallas que Froeschner (1960) situait, à cette époque, au nord de la latitude 41° N, c'est-à-dire à partir des États Américains longeant la frontière avec le Canada, en allant vers le nord.
Sehirus cinctus albonotatus
L'espèce hiberne au stade adulte (Parshley dans Britton, 1923). Les accouplements ont lieu tôt au printemps (Agrawal et al., 2004). En laboratoire, Brown (2003) a observé que les accouplements étaient plus fréquents après un hiver artificiel de trois à cinq mois. L'auteur a constaté que les mâles s'accouplent plusieurs fois alors que le géniteur des pontes des femelles est unique. Ce dernier pense que le fait que les nymphes sont toutes des soeurs diminue la probabilité de compétition entre elles.
Pontes
Sites & McPherson (1982) ont observé des pontes au sol dans de minuscules dépressions peu profondes (2 cm par 1 cm de diamètre). Les grappes arrondies comptaient entre 120 et 150 oeufs disposés en désordre. McDonald (1968) a observé les pontes dans de petites chambres aménagées sous le sol, à 1 cm de la surface. Les quatre pontes qu'il a observées comptaient entre 29 et 59 oeufs cimentés entre eux par une matière gluante. Les oeufs ovales mesuraient 0,84 mm de long. Les deux observations diffèrent quant à leur emplacement et le nombre d'oeufs. La première se rapporte à la sous-espèce S.c. cinctus et la seconde à S.c. albonotatus. Mais rien ne démontre que ces différences sont spécifiques aux sous-espèces.
Kight (1995) a observé des pontes de Sehirus cinctus rassemblées à proximité les unes des autres sous de petits objets au sol (roches, feuilles ou morceaux de bois). Les femelles, après l'éclosion des oeufs, se déplaçaient au loin, à la recherche de nourriture pour leurs nymphes. À leur retour, celles-ci parcouraient en sens inverse précisément le même chemin qu'à l'aller, même si ce parcours les éloignait brièvement de leur terrier qu'elles retrouvaient infailliblement.
En laboratoire, Kight (1995) a testé l'habileté de 30 femelles à reconnaître leurs oeufs en plaçant, en leur absence, une ponte alternative près de la leur. 24 heures plus tard, l'observation des femelles en train de garder l'une des deux pontes déterminait le choix qu'elle avait fait. Les femelles reconnaissaient significativement leurs oeufs si ceux-ci étaient laissés à leur emplacement original et que la ponte alternative avait été ajoutée à côté de la leur. Au contraire, elles ne reconnaissaient pas leurs oeufs lorsqu'ils avaient été déplacés auprès de la ponte alternative. L'auteur conclut que c'est l'emplacement de la ponte et non certaines caractéristiques des oeufs qui permet à la femelle de reconnaître sa ponte d'une autre, placée à proximité.
Agrégation des pontes puis des nymphes
Agrawal et al. (2004) ont fréquemment observé la proximité des pontes, souvent à moins de 6 cm les unes des autres. Les auteurs constatent que les femelles de ces agrégations ne sont pas apparentées et qu'elles ne s'attirent pas mutuellement, par l'émission de phéromones, par exemple. Les auteurs concluent que certains emplacements seraient favorables aux pontes mais rien, à l'oeil d'un humain, n'est perceptible ou n'a, en tout cas, encore été découvert.

L'observation d'impressionnantes agrégations de nymphes est fréquente (Voir ici). La proximité des couvées favorise le regroupement des nymphes de plusieurs couvées. Agrawal et al. (2004) ont observé que ce n'est pas la femelle qui provoque le déplacement des nymphes car celles-ci, même en son absence, peuvent rejoindre un autre groupe. En fait, c'est la nourriture insuffisante qui serait à l'origine de ce comportement.

À droite des nymphes grégaires sur une feuille de Grande molène, un de ses hôtes.
Sehirus cinctus
Alimentation
Le comportement maternel de Sehirus cinctus est remarquable. Il a fait l'objet de plusieurs études tentant de comprendre ce qui motivait la femelle à apporter de la nourriture à sa couvée. Kölliker et al. (2005) ont observé en laboratoire que les femelles apportaient plus de nourriture aux nymphes lorsqu'elles étaient exposées à des extraits de cuticules de nymphes affamées.

La femelle garde les oeufs, puis apporte de la nourriture au nid jusqu'à ce que les nymphes atteignent le troisième stade (Agrawal et al., 2001). Elle ne nourrit pas une nymphe en particulier. Elle apporte la graine de lamier, par exemple, à portée des nymphes au nid. Lorsque deux couvées se fusionnent, la femelle peut apporter de la nourriture aux nymphes d'une autre femelle (Agrawal et al., 2004).

Dans la littérature, Sehirus cinctus est étroitement associée au lamier (Lamium). Toutefois, van Engelsdorp & Donovall (2009) dressent une liste variée d'hôtes appartenant à plusieurs familles, les suivantes étant présentes au Québec: Anacardiaceae (Herbe à puce), Apocynaceae (Apocyn chanvrin, asclépiade), Asteraceae (Eupatoire rugueuse, Vergerette de Philadelphie, hélianthe, verge d'or), Lamiaceae (mélilot, Monarde ponctuée, Physostégie de Virginie, épiaire, Germandrée du Canada), Poaceae (Élyme de Virginie, Fléole des prés, pâturin), Polygonaceae (Patience crépue), Rosaceae (genres Prunus et Rubus ) et Scrophulariaceae (Grande molène).
Sehirus cinctus Sehirus cinctus Sehirus cinctus
Sehirus cinctus. La bordure et la pointe des cories blanches sont caractéristiques. Sehirus cinctus nymphe stade V. Sehirus cinctus nymphes sur de la Grande molène.
Genre Amnestus
La documentation sur ce genre de Cydnidae est quasi inexistante. Amnestus est minuscule et vit sous terre ou camouflé à la surface du sol. Il n'a pas d'impacts économiques connus et n'est pas particulièrement remarquable, contrairement à Sehirus qui fascine par son comportement maternel. On croit qu'il serait associé aux milieux humides près desquels il a régulièrement été attiré par des pièges lumineux (Froeschner, 1960).

L'avant de la tête des quatre espèces d'Amnestus comporte une rangée de quatre projections raides, en dents de peigne. Les joues en ont quatre ou cinq, selon l'espèce: quatre (pusillus et basidentatus), cinq (spinifrons et pallidus). Ce caractère est utilisé dans les clés. D'après Froeschner (1960) les nymphes des stades II à V qu'il a pu observer sont pourvues de dents, comme celles des adultes.
Amnestus pusillus Amnestus pusillus Amnestus pusillus
Le mâle A. pusillus porte sur le fémur de la patte postérieure une robuste dent (→). Ici, la patte médiane est rabattue à l'arrière de la postérieure. Un mâle Amnestus pusillus. On devine la dent (→) sur le fémur postérieur. Le genre est peu observé sur la végétation, comme il l'a été ici. Amnestus pusillus. Rangée de dents à l'avant de la tête.
Microporus nigrita
Microporus nigrita est une espèce introduite en Amérique du Nord. Hoebeke & Wheeler (1984) ont inspecté diverses collections d'insectes et y ont trouvé un spécimen, récolté au New Jersey, en 1969.

Son style de vie est similaire à celui d'Amnestus observé occasionnellement en sa compagnie. Les auteurs rapportent qu'on a trouvé Microporus nigrita jusqu'à 15 cm sous terre, sur les racines de végétaux dont elles se nourrissent. Ils ont observé une vingtaine d'adultes sous des roches, quelques centimètres sous un sol sablonneux et graveleux, près des racines de fétuque (Festuca) et de panic (Dichanthelium). Microporus nigrita hiberne au stade adulte, s'accouple au printemps et pond des oeufs en grappes lâches au sol, près des plantes hôtes.

À droite, la nymphe aux pattes armées de larges épines lui permettant de creuser le sol pour atteindre les racines des plantes dont elle se nourrit.
Microporus nigrita
Microporus nigrita Microporus nigrita Microporus nigrita
Un adulte, début juin. 3 mai. L'adulte couvert de débris était enfoui sous le sol. Peut-être sort-il d'hibernation. 11 septembre. Une nymphe, sur le même site que les deux adultes à gauche.

Liste des espèces de Cydnidae du Québec
La liste des espèces a été tirée de Roch (2024). Pour connaître les espèces présentes dans les régions adjacentes au Québec, consultez cette liste. La longueur des punaises provient de Froeschner (1960), sauf celle de M. nigrita tirée de Hoebeke & Wheeler (1984). La classification des sous-familles provient de Henry & Froeschner (1988).
Nom Sous-famille
Longueur
mâles/femelles
(mm)
Note
Amnestus basidentatus Froeschner Amnestinae M= 1,94, F = 1,87
Amnestus pallidus Zimmer Amnestinae M= 2,56, F = 2,60
Amnestus pusillus Uhler Amnestinae M= 2,30, F = 2,19
Amnestus spinifrons (Say) Amnestinae M= 3,43, F = 3,15
Microporus nigrita (Fabricius) Cydninae 4,0 - 5,2 Ancienne combinaison Aethus nigritus (Fabricius)
Sehirus cinctus albonotatus Dallas Sehirinae M= 5,42, F = 6,13

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