INTRODUCTION |
Cette page
présente les parasites et les parasitoïdes des punaises, les premiers
ne tuant pas leur hôte contrairement aux seconds. Ce survol présente
quelques photos et de la documentation sur les
Hyménoptères, Diptères
et acariens en excluant d'autres groupes n'appartenant pas aux
arthropodes.
L'information fournie sur cette page s'applique aux punaises. Les
données pourraient être différentes pour un parasite ou parasitoïde
polyphage quand il se développe sur un hôte très différent, appartenant
par exemple à un autre ordre d'insectes. De plus, les listes d'espèces
ou de familles d'Hyménoptères présentes au Québec sont partielles
puisqu'elles concernent seulement celles qui parasitent les punaises.
Parasitoïde
ou prédateur?
Parasitoïde:
le stade larvaire se nourrit d'un seul et unique hôte qui meurt plus
tard, lorsque le parasitoïde a épuisé ses ressources. Il peut se
développer à l'intérieur ou à l'extérieur de l'hôte (endoparasite vs
ectoparasite). L'adulte a généralement une nourriture différente de sa
larve.
Prédateur:
se nourrit librement de plusieurs proies plus petites que lui avant
d'atteindre le stade adulte et les tue immédiatement en les consommant.
Devenu adulte, il se nourrit généralement du même type de nourriture.
Source, Clausen (1940) qui note par ailleurs que cette distinction ne
s'applique pas toujours aussi nettement.
|
I- HYMÉNOPTÈRES
parasitoïdes |
Les parasitoïdes
des punaises qui ont été observés au Québec ou dans les provinces ou
États proches du Québec
appartiennent à trois super-familles et aux familles
suivantes:
Platygastroidea:
Scelionidae (Telenomus,
Tiphodytes
et
Trissolcus.
Gryon
possible.); parasitoïde des oeufs.
Chalcidoidea:
Eupelmidae (Anastatus,
Eupelmus),
Mymaridae (Anaphes,
Caraphractus,
Erythmelus
et
Polynema.);
parasitoïde des oeufs.
Ichneumonoidea:
Braconidae (Holdawayella,
Leiophron,
Peristenus
et
Wesmaelia.);
parasitoïde des nymphes et parfois des adultes.
Des guêpes aquatiques!
On trouvera sur cette page la
description de deux fascinantes petites guêpes qui nagent habilement
sous
l'eau, à la recherche des oeufs hôtes qu'elles parasitent. La première
mention d'un Hyménoptère aquatique date probablement de 1836 dans The
Entomological magazine (Matheson &
Crosby, 1912). L'éditeur relate l'observation en
Écosse d'une
guêpe nommée Agriotypus
armatus
qui reste immergée une dizaine de minutes sous l'eau. On découvrira
plus tard que l'espèce parasite les Trichoptères. Depuis ce temps, 51
espèces nord-américaines et 74 espèces européennes d'Hyménoptères
aquatiques parasitoïdes d'arthropodes ont été décrites (Sousa, 1998). |
Platygastroidea
- Scelionidae |
Les
Platygastroidea comptent près de 4 500 espèces qui parasitent
divers
groupes d'insectes (Hémiptères, Coléoptères, Diptères, Orthoptères,
Odonates, Lépidoptères, etc.) ainsi que des araignées. La plupart
d'entre elles mesurent moins de 2,5 mm (Austin et al., 2005).
Au Québec, parmi les parasitoïdes des punaises, diverses sources notent
la présence des genres Trissolcus
et Telenomus.
Tiphodytes
est présent
en Ontario. Une guêpe du genre Gryon
aurait été
capturée
à Chibougamau mais l'espèce observée, non identifiée, ne parasite
peut-être pas les punaises (BugGuide, mai 2021).
|
Genre Trissolcus
Toutes les espèces du genre Trissolcus
sont parasitoïdes des oeufs de
punaises appartenant à la super-famille des Pentatomoidea (Johnson,
1984a). Deux espèces,
T. euschisti
et T. thyantae
ont été observées au Québec. Johnson (1984a
et 1985), Krombein et al.
(1979) et Talamas et al.
(2015)
mentionnent
les
hôtes suivants:
T.
euschisti:
Acanthosomatidae, probablement Elasmostethus
cruciatus.
Banasa dimiata,
Brochymena
spp., notamment B.
quadripustulata, Chinavia
hilaris,
Euschistus
spp., notamment E.
servus,
Murgantia
histrionica, Perillus
spp., notamment P.
bioculatus, Podisus
spp, notamment P.
maculiventris,
P. sereiventris,
Tetyra
bipunctata et Thyanta
custator accerra.
T.
thyantae:
Euschistus
spp., notamment E.
variolarius,
Thyanta
spp., notamment Thyanta
custator.
|
Taille des Trissolcus
Elle est
étroitement liée au volume des œufs hôtes dont elles sont issues
(Safavi, 1968). Voegelé (1969) a observé que la longueur de T.
scutellaris (T.
vassilievi dans son texte) peut atteindre 0,3 mm en
parasitant l'oeuf d'une petite punaise (adulte ± 5 mm) et 2,7 mm en
parasitant l'oeuf d'une grande punaise (adulte ± 15 mm). Par ailleurs,
la taille de
la guêpe a un impact significatif sur l'expression des caractères qui
distinguent une espèce d'une autre (Johnson, 1984a).
|
Effet du parasitisme sur la
pigmentation de l'oeuf hôte
La littérature
récente ne traite pas de l'apparence des oeufs parasités. Dans les
années 1960, Voegelé puis Safavi soutenaient que le genre et parfois
l'espèce de la guêpe pouvaient être déterminés, dans quelques cas
favorables, à partir de la pigmentation qu'elle provoque sur
l'oeuf hôte. Voegelé (1964) présente l'illustration de dix
oeufs
parasités par ce qu'il pense être dix espèces de guêpes différentes. La
pigmentation de quatre de ces oeufs est semblable et pour cause,
puisque
finalement, par le jeu des synonymies, il s'agissait de la même espèce
de guêpe (Talamas et al.,
2017). Par contre, trois autres oeufs avec
une pigmentation assez différente se révèlent être parasités
par
la même espèce de guêpe. Voegelé (1962) note que la même espèce de
guêpe pigmente de façon différente les oeufs hôtes de punaises de
genres différents.
|
Température et lumière
La
température ambiante a un effet sur la survie de la guêpe dans
l'oeuf hôte. Par exemple, il n'y a pas d'émergence en laboratoire à une
température constante de 15°C. Par contre, l'exposition des oeufs à une
fluctuation de la température entre 14°C et 22°C ou entre 21°C et 33°C
permet aux guêpes mâles et femelles de se développer jusqu'au stade
adulte (Yeargan, 1983). Voegelé (1962) a noté que plus la température
est élevée, plus les bandes pigmentées sont apparentes et que la
quantité de lumière n'a pas d'effet sur la pigmentation.
|
|
|
Ponte
Les femelles
Trissolcus
pondent de préférence dans les premiers stades
embryonnaires des punaises et plus rarement dans les
stades plus avancés. Lorsque l'ovirupteur de l'embryon est sclérifié
certaines espèces de guêpes ne parviennent plus à parasiter l'oeuf.
D'après Voegelé, la femelle recherche une ponte
hôte par cheminement ou en vol. Une fois les oeufs trouvés, la femelle
les inspecte attentivement en palpant leur surface avec ses antennes.
L'auteur décrit le comportement des femelles de cette façon: « Le
premier oeuf inspecté peut être, soit accepté immédiatement en quelques
secondes, soit examiné plusieurs minutes, soit abandonné pour être
repris ou non. Il arrive fréquemment que le parasite prospecte
plusieurs oeufs, soit en parcourant rapidement toute la ponte, soit en
pivotant sur un même oeuf tout en inspectant les oeufs voisins. »
La ponte est laborieuse et s'accompagne de tremblements du corps de la
femelle et de va-et-vient de l'ovipositeur dans l'hôte. La femelle
effectue ensuite une « danse de marquage » en frottant son ovipositeur
à la surface de l'oeuf. En captant ce message olfactif, d'autres
femelles éviteront d'y pondre leur oeuf ou au contraire, stimulera la
ponte chez les espèces qui sont des « superparasites
éliminateurs
dominants ». Au final, une seule guêpe survivra dans l'oeuf hôte.
Ci-dessus, section ponte, de Voegelé
(1969).
T. euschisti
peut rester sur une ponte hôte pendant plusieurs jours; plus d'une
journée est nécessaire pour parasiter les pontes abondantes de Podisus maculiventris,
Chinavia hilaris
ou Euschistus
spp. Le marquage évite qu'une femelle parasite deux fois le même oeuf
hôte (Okuda & Yeargan, 1988).
|
Ci-dessus,
un bel
exemple de l'effet de pigmentation des oeufs parasités par Trissolcus.
Les deux images représentent la même ponte de la
punaise Tetyra
bipunctata
observée les 18 et 21 juillet. À gauche, leur couleur habituelle et à
droite l'effet du parasitoïde qui s'y développe. Voir les diverses
photos ci-dessous, notamment l'émergence des guêpes adultes le
30
juillet. |
|
|
L'oeuf de Tetyra
bipunctata non parasité n'est pas ceinturé de bandes
pigmentées. Le chorion transparent laisse entrevoir l'embryon
(ovirupteur, yeux, etc.) |
25 juillet, oeuf parasité, en captivité. Sur chaque
oeuf apparaissent
les yeux (A →) et au centre (B →) les trois ocelles des guêpes qui
émergeront cinq jours plus tard. |
|
|
Les
deux pontes
sont celles de la punaise Tetyra
bipunctata. À gauche, après l'éclosion des oeufs non
parasités, les chorions transparents s'affaissent. À droite, les guêpes
ont émergé des oeufs qui ont été parasités. Les chorions pigmentés sont
rigides, même lorsqu'ils sont vides.
|
Émergence en captivité de
huit guêpes du
genre Trissolcus
Un 18 juillet, 14 oeufs de la punaise Tetyra bipunctata
(Scutelleridae) sont observés sur une aiguille de Pin gris (Pinus
banksiana). Voir la
photo, plus
haut
sur cette page, des oeufs verts qui ont probablement été
récemment pondus. Ils
sont massés en deux groupes sur la même aiguille de pin. Une visite,
trois jours plus tard, révèle que les oeufs ont été parasités car la
couleur des oeufs n'est pas typique de cette punaise. La guêpe n'a pas
été identifiée à
l'espèce. Toutefois, d'après Johnson (1984a) T. euschisti est un
parasitoïde connu de T.
bipunctata. Huit des 14 oeufs ont
été
prélevés et observés en captivité. |
|
|
|
23 juillet
Première apparition des ocelles (→). Les yeux apparaîtront le
lendemain. |
25 juillet
Sur tous les oeufs, une démarcation plus sombre (→) est apparue. Une
membrane? |
26 juillet
Le dessus de l'oeuf, l'opercule, est devenu noir et le restera jusqu'à
l'émergence des guêpes adultes. |
|
|
|
30 juillet, 13h19 - Émergence
d'un
adulte.
La guêpe commence par percer une
petite ouverture qui, pour chacun des huit oeufs observés, étaient à
peu
près au centre de la couronne de micropyles. |
13h28
La guêpe découpe successivement des rondelles dans le chorion qui, une
fois détachées, élargissent progressivement l'ouverture. |
13h31
La photo a été prise au moment même où la rondelle que la guêpe venait
de découper, se détache de l'oeuf et tombe au sol.
|
|
|
|
13h35
Une demi-rondelle se détachera cette fois. |
13h39
Une ultime bande est découpée. Un oeil apparaît dans l'ouverture. |
13h41
La guêpe juge que le passage est suffisamment large pour la laisser
sortir. |
|
|
|
13h41
En moins d'une minute, la guêpe
s'échappe complètement de l'oeuf qu'elle a parasité. Ses ailes sont
déjà déployées. |
30 juillet
Une des huit guêpes parasitoïdes. Toutes ont éclos le même jour. |
Genre Telenomus
Les espèces du genre Telenomus
sont parasitoïdes des oeufs d'Hémiptères (punaises ou fulgores, par
exemple), de Lépidoptères, de Diptères ou de Neuroptères
(Johnson 1984b). Les espèces suivantes ont été observées au Québec ou
en
Ontario. La plus commune est Telemonus
podisi qui parasite les oeufs
des Pentatomidae des genres Banasa,
Brochymena,
Chlorochroa,
Cosmopepla,
Euschistus,
Holcostethus,
Oebalus,
Podisus,
Thyanta
et
Trichopepla.
Un hôte appartenant aux Scutelleridae, toutefois absent du Québec, est
aussi
sur la liste (Johnson 1984b). D'autres guêpes se spécialisent sur un
type
d'hôte plus restreint : T.
dolichocerus (Emesaya
brevipennis,
Reduviidae), T.
nysivorus (Lygus
lineolaris, Miridae), T.
ovivorus
(Nysius angustatus,
Lygaeidae), T. phymatae
(Phymata
sp., Reduviidae) et T.
zeli
(Zelus luridus,
Reduviidae) (Al-Ghamdi 1995, Girault
1906, Johnson 1984b, Krombein et
al. 1979, Masner & Johnson 1979).
Reproduction et ponte
Les mâles Telenomus
émergent des oeufs avant les femelles. Le
premier mâle chasse les autres mâles qui éclosent après lui et tente de
s'accoupler avec les femelles dès leur éclosion. Un mâle s'accouplera
avec au moins trois à cinq femelles (Johnson 1984b). Yeargan (1980) a
observé fréquemment des accouplements immédiatement après l'éclosion
d'une femelle T. podisi
qui peut pondre un oeuf viable entre une heure
et 24 heures après son émergence. L'auteur pense alors que le temps
consacré à trouver des oeufs hôtes est un facteur qui détermine la
rapidité avec laquelle la génération suivante est produite. T. podisi
préfère des oeufs hôtes pondus depuis 24 à 48 heures (Moraes et al.,
2008). La
femelle Telenomus
pond généralement son oeuf à travers le côté ou la base
de l'oeuf hôte et rarement à travers son opercule. Lorsque
l'oviposition est terminée, elle frotte son ovipositeur sur l'oeuf pour
le marquer (Johnson 1984b).
|
Émergence en captivité de
deux guêpes du
genre Telenomus
Un 30 juillet, une ponte de 14 oeufs de couleur gris-bleu est observée
sur du Pin gris.
Ils sont fort probablement ceux de Tetyra
bipunctata. En effet, les oeufs sont plutôt ronds comme
ceux des Scutelleridae. Ils sont sur du Pin gris où, sur le même site,
quelques pontes et des nymphes de cette punaise ont été observées. Leur
couleur est différente des oeufs non parasités (voir au début de cette
page) et aussi de celle des oeufs parasités par Trissolcus (bruns
cerclés de noir). Les oeufs sont
rapportés pour observation en
captivité. Seules deux guêpes émergeront, les 10 et
14 août. |
|
|
|
30 juillet
14 oeufs parasités, le jour de leur découverte. |
3 août en captivité
Des zones blanches apparaissent dans les oeufs. Deux
oeufs seulement écloront (→). |
10 août
Un premier oeuf éclôt. La guêpe a émietté le contour de l'ouverture
qu'elle a percée. |
|
|
|
10 août
La guêpe s'extirpe laborieusement de l'ouverture. |
10 août
Un mâle mesurant 1,5 mm. |
16 août
|
Trissolcus ou Telenomus?
|
L'identification
des guêpes, même au genre, peut être difficile. Elles sont minuscules
et leurs caractères distinctifs varient en fonction de leur taille, qui
elle-même varie en fonction de celle de l'oeuf hôte. Dans sa clé des
genres, Johnson (1984b) différencie dès le
premier couplet Telenomus
de Trissolcus
par la présence de la paire de
carènes sur le thorax (nautoli).
L'observation des oeufs parasités peut aussi contribuer à
l'identification du genre.
D'après Safavi (1968), la guêpe du genre Trissolcus
découpe une ouverture plus large, moins déchiquetée et située à peu
près au centre de la couronne de micropyles. La guêpe du genre Telenomus,
au contraire, pratique une ouverture plus petite, irrégulière et
parfois complètement à l'extérieur de la couronne de micropyles. Les
photos, à droite, concordent avec ces observations.
|
|
|
Telenomus,
petites ouvertures excentrées. L'ouverture de l'oeuf à gauche est
complètement à l'extérieur de la couronne de micropyles. De petits
fragments près
de l'ouverture témoignent de la méthode de déchiquetage qu'utilise
cette guêpe pour percer l'ouverture. |
Trissolcus
a découpé des rondelles ou des bandes dans l'oeuf. Au final, le contour
de l'ouverture est plus régulier. L'ouverture est large et centrée par
rapport aux micropyles qui entourent l'opercule. |
Guêpes
parasitoïdes de divers Pentatomidae |
|
|
|
L'opercule
qui couvre le dessus
de l'oeuf des
Pentatomidae, s'ouvre et retombe en place après l'éclosion de la
punaise. Ici, les oeufs ont été découpés, signe qu'un parasitoïde en
est sorti. Trois ou quatre oeufs n'ont pas encore éclos. Cette guêpe
vient peut-être d'émerger d'un des oeufs. |
14 oeufs de Banasa
dimiata (Pentatomidae). Six punaises ont déjà éclos. Cette
guêpe,
arrivée à maturité plus tard, a déchiré l'opercule (→) pour sortir.
Trois autres guêpes sortiront des oeufs. |
|
|
|
Les oeufs de
Pentatomidae sont assez développés pour afficher, à travers le chorion,
les yeux de l'embryon. La guêpe est restée quelques minutes sur la
ponte puis s'est envolée. |
14 oeufs d'Euschistus
de couleur noire révèlent qu'ils sont parasités. Le 28 juin, deux
guêpes émergent. Le 29 juin, tous les opercules ont été déchirés, signe
que tous les oeufs ont été parasités avec succès. |
Tiphodytes gerriphagus,
une
guêpe aquatique. |
Espèce néarctique
observée en Ontario pour
la première fois en 1952 et vue ensuite à quelques reprises dans cette
province (Masner, 1972). Jamais encore recensée au Québec,
l'espèce y est certainement présente. On l'observe près des plans
d'eau, sur le feuillage flottant ou le rivage.
Spécialiste des
oeufs de Gerridae
T.
gerriphagus parasite les oeufs des punaises
semi-aquatiques appartenant
à la famille des Gerridae, entre autres, Gerris buenoi, G. comatus, G.
pingreensis, Limnoporus
dissortis et Trepobates
sp. (Spence, 1986).
Andersen (1982) décrit et illustre la ponte de la femelle Gerris.
Posée
sur l'eau, elle se place dos à une surface flottante et y
dépose
avec son court ovipositeur une rangée d'oeufs perpendiculaire à sa
bordure. Les oeufs peuvent être
en surface ou sous l'eau. Cobben (1968) précise que c'est toujours la
même face de l'oeuf qui adhère à la surface de ponte, qu'il
soit
sur le dessus ou le dessous de l'objet flottant. Avant de le pondre, la
femelle est en
mesure d'effectuer une rotation longitudinale de son oeuf pour
qu'il soit orienté correctement.
Parfois, la punaise plonge sous l'eau pour pondre sur des végétaux
submergés ou parmi la végétation en décomposition. Sousa (1998) a
observé sur les oeufs parasités de L.
dissortis une alternance de bandes sombres et claires,
coïncidant avec le second stade du parasitoïde.
Technique de ponte de la
guêpe
Martin
(1927) a observé T.
gerriphagus se poser sur une feuille flottante puis
passer sous la feuille et cheminer à la recherche des oeufs de punaise.
Parfois, la guêpe s'accroche avec ses pattes avant sur le bord d'une
feuille flottante, le reste de son corps à la surface de l'eau. Ses
pattes intermédiaires pendent sous l'eau alors que les pattes arrière
et les ailes restent à la surface et la stabilisent. Dans cette
position elle ramène son abdomen vers l'avant pour pondre dans les
oeufs de punaises qui sont à sa portée, tout en bordure de la feuille.
La guêpe nage sous
l'eau avec aisance
En 1900, Marchal observe en captivité T.
gerriphagus qu'il vient de découvrir. Il fait une
description de son comportement aquatique qui mérite d'être reproduite
ici: « Pour pénétrer dans l'eau, il inclinait la tête en avant et
faisait visiblement un effort destiné à vaincre la résistance opposée
par la tension superficielle; ce passage de l'air dans l'élément
liquide lui était d'ailleurs rendu plus facile lorsqu'il se trouvait
sur le bord d'une feuille flottante qu'il n'avait qu'à contourner pour
pénétrer dans l'eau. Une fois immergé, l'Insecte continuait à marcher,
s'il se trouvait sur une plante aquatique et cheminait alors avec une
aisance aussi grande que s'il eût été en dehors de l'eau; si au
contraire il n'était en contact avec aucun corps solide, il se mettait
à nager avec ses ailes, frappant l'eau avec ces dernières sans
précipitation et d'un mouvement cadencé; il pouvait ainsi s'élever ou
descendre et traverser toute l'épaisseur d'eau qui se trouvait contenue
dans le verre; lorsqu'il arrivait à la surface, il devait faire un
nouvel effort pour passer du liquide dans l'air libre, puis ne tardait
pas à reprendre sa vie aérienne.» (Marchal, 1900)
Gélatine protectrice
contre
les guêpes
Spence (1986) a observé que les femelles T. gerriphagus
peinent à entrer en contact avec les oeufs hôtes de Limnoporus qui sont
enrobés et protégés par une substance gélatineuse. Le temps de ponte
est plus long et plusieurs oeufs dans une ponte échappent aux coups de
sonde de l'ovipositeur de la guêpe. De plus, la femelle se nettoie
ensuite longuement avant de chercher la ponte suivante à parasiter. En
laboratoire, Spence a observé que le parasitoïde préférait, si on lui
offrait le choix, parasiter les oeufs de Gerris buenoi qui
ne sont pas enrobés, à ceux de Limnoporus
dissortis. Toutefois il a observé sur le terrain une
préférence inverse des guêpes. L'endroit où sont les oeufs hôtes (en
surface, sous l'eau, dans des crevasses, sous des débris végétaux)
pourrait être un facteur qui détermine le choix de la guêpe. Malgré
l'enrobage des oeufs, l'auteur a observé en Alberta certains étangs où
le taux de parasitisme de Limnoporus
était aussi élevé que 80%, à la mi-juillet.
|
|
Les « vieux » oeufs hôtes
sont moins performants
Les oeufs hôtes parasités alors qu'ils ont atteint plus de la moitié de
leur développement
prennent plus de temps à produire des guêpes adultes qui sont
plus petites et en plus grande proportion des mâles. (Sousa &
Spence, 2001). Les auteurs ont observé que lorsqu'elles n'ont pas
d'autres choix, les guêpes vont pondre dans de vieux oeufs hôtes, même
si elles sont réticentes à le faire et pour cause, car la
reproductivité
de l'espèce est momentanément réduite.
Gros oeufs hôtes = grosses
guêpes plus fécondes
Les T. gerriphagus
issus d'oeufs hôtes plus gros produisent de plus grands
adultes, cet effet étant plus marqué chez les femelles que chez les
mâles (Spence, 1986). L'auteur remarque que même si la taille de l'oeuf
hôte a un effet sur la fécondité des guêpes, celles-ci ne choisissent
pas nécessairement, sur le terrain, l'oeuf de la plus grande espèce.
L'accès plus ou moins facile aux oeufs hôtes est un facteur
déterminant.
Limnoporus
dissortis adulte mesure entre 11 et 15 mm; ses oeufs sont
plus grands que ceux, par exemple, de Gerris buenoi, qui
mesure entre 7
et 8 mm à l'âge adulte. |
Cannibalisme des larves
dans l'oeuf hôte
D'après
Martin (1927), plusieurs guêpes peuvent pondre dans le même oeuf
hôte. Le plus souvent, il a observé trois parasites par oeuf de
punaise. Une seule guêpe survivra ou parfois aucune. Les larves se
mangent entre elles, les plus jeunes pouvant attaquer les plus âgées.
Ci-dessus, il a illustré une larve au premier stade (→) en train de
cannibaliser un second stade. La larve cannibale a planté ses
crochets
mandibulaires et enfoncé sa « corne caudale » dans la proie.
À noter que Sousa (1998)
met en doute la définition des trois stades de Martin et croit plutôt
qu'il y a deux stades larvaires. |
Chalcidoidea |
Les représentants
de cette
superfamille sont présents, d'après Goulet & Huber (1993), dans
toutes les zones géographiques, allant des forêts équatoriales aux
zones les plus nordiques de la tundra et dans les habitats aussi secs
que les déserts à ceux humides des étangs. La plupart des espèces
mesurent entre 3 et 5 mm et sont parasitoïdes des stades immatures
d'une douzaine d'ordres d'insectes, de deux ordres d'arachnides et
d'une famille de nématode. Quelques rares espèces sont phytophages.
Au Québec, on observe des parasitoïdes des oeufs de punaises
appartenant aux Mymaridae et aux Eupelmidae. Ooencyrtus sp.
(Encyrtidae) observé au nord-est des États-Unis pourrait être
au
Québec de même que d'autres, appartenant aux Trichogrammatidae.
|